FRANCE - 2015



En 2015, j'ai effectué un périple en Europe qui m'a mené premièrement en Norvège, du nord au sud durant 28 jours.

La seconde étape était l'Écosse pour une durée de 21 jours de Édimbourg aux îles Shetland au nord.

J'ai continué mon voyage en revenant à Oslo (d'Édimbourg), ai volé vers Hambourg (Allemagne) pour ensuite prendre le train afin de traverser l'Allemagne jusqu'à Constance et passe du côté Suisse.

La dernière étape du voyage se déroulait en France, du nord jusqu'à la Méditérannée tout au sud, le long du Rhône sur la voie cyclable «la Via Rhôna». 

C'est cette dernière partie du voyage qui est décrite ci-bas.

Bonne lecture, 

Alain

Jour 66 Samedi le 12 septembre 2015, France 
Genève (Suisse) à Seyssel (Haute--Savoie, France)
69 km Total 4847 km


Sortir de Genève par le réseau cyclable a bien été même si j'y ai mis assez longtemps. La carte que m'a fourni le bureau de tourisme m'a vraiment été utile car les indications de la route cyclable numéro 1 peuvent parfois être confondantes. 


Vers Seyssel en Haute-Savoie

J'avais ainsi le nom des routes à suivre (principalement la route de Chancy), ce qui m'a mené à Vulbens, exactement là où je désirais me rendre.

Je dois aussi remercier Werner, le père de Caroline qui a pris le temps de me photocopier, à partir de cartes routières, tout le trajet le long du Rhône. Je m'en suis servi dès aujourd'hui.

Je suis arrivé à Seyssel en Haute-Savoie, vers 14 heures. J'y ai repéré un marché d'alimentation (un nom bien français qui termine par "market" !), aussi le bureau de tourisme, qui est fermé les samedi et dimanche à partir de septembre.

J'ai ainsi décidé de me rendre à un des 2 terrains de camping de Seyssel et de faire le point sur mon itinéraire pour demain. Je me rends donc au Camping International, éloigné des routes et de la voie ferrée. Ici, c'est le calme plat, les vacanciers sont retournés au travail et les touristes sont plus rares à cette période de l'année.

Je réserve un site pour ma tente et une fois les formalités terminées, le propriétaire, sympathique me guide me suggérer un site propice.

Le ciel menace, on annonce des orages aujourd'hui. J'ai bien été tenté par le "mobil home " que me suggérait le proprio mais à 40 euros... J'ai plutôt opté pour un site pour ma tente à 14 euros. Au bout d'un moment, le propriétaire me dit

- allez, prenez le "mobil home" vous serez plus confortable et demain, vos articles de camping seront secs !

Électricité, douche, toilettes, cuisinière au gaz, à l'abri des intempéries. C'est d'autant plus apprécié qu'au moment où j'écris ces lignes et depuis la fin de l'après-midi, la pluie n'a pas cessée de tomber et parfois fortement. J'ai juste eu le temps d'aller au "market" entre 17 h et 17:45 h entre deux averses... Quelle chance j'ai !


Jour 67 dimanche le 13 septembre 2015 France
Seyssel à Port de Groslée
75 km Total 4847 km


Le ciel s'est dégagé vers 8 h ce matin. J'étais prêt, après un bon déjeuner à continuer ma route vers le sud. Je remercie le proprio du camping qui m'a permis de profiter d'une nuit à l'abri d'autant plus qu'il a plu très fort une bonne partie de la nuit.

La Via Rhôna m'impressionne. Elle m'a permis de longer le Rhône sans me soucier des voitures sur de nombreux km. 



Les barrières canadiennes sont des ponts constitués de rouleaux en métal afin d'éviter que le bétail s'y engage


Belle prise dans le Rhône

Cependant, des tronçons ne sont pas terminés et à certains endroits, c'est le vide ( c'est le lot de toutes les pistes cyclables). On doit alors retrouver la suite de la piste, merci à mon GPS et surtout merci aux résidents qui m'indiquent le meilleur chemin. Du coup, cela occasionne des rencontres intéressantes.

Les tronçons aménagés de la Via Rhona disposent d'une piste large et bien balisée, ainsi que de panneaux descriptifs de la région où l'on se trouve.



Après 80 km, je me retrouve à Port de Groslée, c'était mon but pour aujourd'hui. Pas de camping mais un espace où je peux installer ma tente. Des installations sanitaires de base sur les lieux, de l'eau potable. C'est suffisant pour passer la nuit.





J'ai le temps de faire ma toilette, d'installer ma tente et de cuisiner mon repas et un orage se déclenche. Je regagne ma tente, écris ce journal et ce sera le repos.

Je m'ennuie depuis ce matin, la journée a été longue. Mes enfants me manquent, j'ai hâte de les revoir. 

Jour 68 Lundi le 14 septembre 2015 France
Port de Groslée à Lyon
80 km Total 4847 km

Journée ordinaire. Le ciel est lourd, la route me semble un peu morne, la Via Rhôna a disparu, je la retrouve par hasard plus loin mais je la boude sachant qu'elle coupe bientôt. 

Vers Lyon

Je suis le Rhône de loin, de près, le traverse. Les fortes pluies d'hier l'ont gonflé au point qu'il occasionne la fermeture d'un bout de piste cyclable dans un village où je passe.

Voici de quoi à l'air la Via-Rhôna lorsque présente, impeccable

Après les forts orages, le Rhône est à raz-bord

Vraiment, les cartes routières photocopiées par Werner, le père de Caroline me sont plus que précieuses.
Sinon, je serais dans le néant et bien que je n'ai pas vérifié, je ne suis pas certain que j'aurais pu m'en procurer jusqu'à maintenant. 

Hier, c'était dimanche et tout était fermé ou presque, du moins en après-midi et hier j'étais dans des petites agglomérations sans services.

Même aujourd'hui, lundi, et je ne sais si c'est partout et toujours comme ça mais à 13 h les deux marchés d'alimentation d'une ville moyenne étaient fermés. Pour ajouter aux particularités des horaires français, je me suis présenté dans une pizzéria à 13:30 h, compte tenu du ciel menaçant et des épiceries fermées. 

J'entre dans le resto, le proprio me demande;
- c'est à quel sujet ?
Je lui répond;
- je suis dans un restaurant !
- oui bien sûr me répond-il...
- alors c'est parfait car je veux manger !
- oui mais il est près de 13:30 et nous fermons à 14 h. Vous voulez manger quoi ?
- une pizza avec de la viande m'irait ( protéines oblige !)
- je vous fait une pizza avec du boeuf haché et un' oeuf, ça vous va !
-parfaitement merci.

J'ai faim ( j'ai toujours faim...), j'enfile la pizza en moins de deux, elle est bonne d'ailleurs.

Je sors, il ferme son store et retourne la carte; ' "Fermé, à bientôt"

Maintenant, direction Lyon. Entrer dans une grande ville à vélo est toujours un peu compliqué. Les directions de la Via Rhôna sont nulles. Traduites, ces dernières veulent dire: débrouilles-toi !

Une fois arrivé à Jonage, en banlieue, je repère des employés municipaux qui oeuvrent autour d'une conduite d'eau. J'ai déjà une idée de la route à suivre ( grâce encore aux cartes que m'a gentiment fourni Werner), mais je leur demande leur avis sur la meilleure route pour entrer à Lyon.

Centrale nucléaire en banlieue de Lyon

Ils me confirment gentiment que ma direction est la bonne et que je n'ai qu'à filer tout droit. S'en est loin d'être terminé. Un des trois employés me demande d'où je viens. Le Canada ! Il est allé dans le bout de La Tuque faire du canot, a combattu les maringouins gros comme des boeufs avec du "Musk oil", est allé au "dépanneur" (ce qui représente une bizarrerie pour les français). 

Un des gars voudrait aller à la pêche aux petits poissons des chenaux. Et les baleines, c'est vrai qu'on peut en voir ? Etc... C'est le genre de rencontres qui donnent du "pep".

Je continue ma route, une intersection, je m'interroge et consulte la carte. Un passant me croise, me demande s'il peut m'aider. Je lui fait part de mon interrogation. Quel hasard, il m'indique à 200 mètres, l'entrée d'une piste cyclable longeant la voie ferrée jusqu'au centre-ville. C'est environ 10 km sans soucis des autos et des feux de circulations. La chance m'a encore sourit, je l'apprécie.

Bonne idée de verdir les espaces où sont les rails de chemin de fer (un peu avant Lyon)

J'arrive à la gare Part-Dieu à 16 heures. Je dois trouver le bureau de tourisme avant qu'il ne ferme. Les gares, c'est toujours un bon endroit pour s'informer.

J'atteins le coeur de Lyon grâce à une voie cyclable impeccable, le long des voies ferrées

Je suis submergé par milles impressions. Lyon est cosmopolite, il y règne une ambiance spéciale. Beaucoup de femmes voilées, plusieurs personnes du Moyen-Orient, une faune bigarrée.

Je vais au guichet d'info de la SNCF. Même si ce n'est pas pour prendre un billet de train ou m'informer sur les horaires, le préposé se fait un plaisir de m'informer sur le chemin à suivre pour arriver au bureau de tourisme, carte de la ville offerte gracieusement. Je le remercie chaleureusement.

Sur ma route pour le bureau de tourisme, une cycliste m'aborde au moment où je consulte la carte. Elle fait un bout de chemin avec moi pour m'orienter. Elle est impressionnée par les voyageurs à vélo et c'est avec plaisir qu'elle me fait découvrir cette partie de la ville.

Je croise le Rhône, qui avec la Saône, coupent la ville en deux, majestueux et qui donne du caractère à cette ville où trône un monument à Louis XIV et où de nombreux bâtiments dont celui de l'Auberge de Jeunesse où je me dirige, sont classés au patrimoine de l'Unesco.

Le système de transport a du style et est très fonctionnel

Place Bellecour avec le monument à Louis XIV, au fond tout en haut, l'imposante cathédrale

L'entrée de la cathédrale

Du bureau de tourisme, je ne me casse pas la tête et me dirige à l'Auberge de Jeunesse à l'aide de mon GPS. Je sais que l'établissement est situé dans la partie haute de la ville. Le GPS me fait prendre une pente abrupte qui me mène à un escalier impressionnant. J'ai monté la pente jusqu'ici, pas question de reculer... Je grimpe les escaliers (par étape, quand même), avec la charge de 60 kg à force de bras. Deux dames me félicitent une fois en haut des escaliers.

Deux dames m'ont félicité une fois en haut...

Jour 69 mardi le 15 septembre 2015 France Lyon
0 km Total 4847 km

Visite de la ville. Un site Gallo-Romain impressionnant avec un amphithéâtre tout près de l'auberge de jeunesse où je loge. 

Les constructeurs modernes ont sûrement à apprendre de cette civilisation dont les oeuvres architecturales subsistent encore après des milliers d'années. La cathédrale, située dans les hauteurs d'où j'ai pu admirer la ville à l'architecture et aux couleurs particulières. 



De l'auberge de jeunesse, c'est la vue que j'ai...

Un petit café lyonnais

Je prends le vaporetto jusqu'au tout nouveau Musée de la Confluence ( du Rhône et de la Saône) où s'est construit (selon les commentaires touristiques), un quartier écolo et tout en design. 

C'est vrai que le design de cet ensemble architectural est très "in" mais j'ai vu un train de marchandises passer en plein centre de ce nouveau quartier avec un bruit pas reposant. Aussi, c'est un havre de Mc Donald et Burger king, Aldo et cie. On m'a cependant dit que le musée est vraiment bien.

Promenade sur le Rhône
Le musée de la Confluence situé dans un tout nouveau quartier de Lyon

Je prépare mon départ pour demain. Au bureau de tourisme on conseille aux cyclotouristes de prendre le train jusqu'à Givors une petite ville située peu plus au sud, c'est ce que je ferai.

Je ne manque pas de prendre un repas dans un des fameux «Bouchons lyonnais» pour terminer ma journée.

Jour 70 Mercredi le 16 septembre 2015 France
Lyon à St-Rambert d'Albon (Côtes du Roussillon) 60 km
Total 4907 km (à quelques km près)

Ce matin, direction gare le la Perrache. Je prends le train pour Givors afin de poursuivre ma route le long du Rhône.

Je regarde la ville avec le regard du départ. La Saône, le Rhône, la place Bellecour, la statue de Louis XIV, les immeubles aux couleurs pastel, les cafés, les boulangeries aux milles brioches et pains et croissants. Lyon me fait beaucoup penser à Paris.

Je suis sur le quai de la gare, j'écris ce journal. Je pense à ce jeune homme espagnol qui partageait le même dortoir que moi. Très sympathique, il voyage pour explorer la vie, apprendre, bref a une démarche philosophique axée sur la découverte et les expériences. 

Comme il me le rappelle, quelqu'un a dit qu'une journée de voyage compte pour deux jours de vie. Il produit des vidéos et les diffuse sur Youtube. Je pense aussi à cette jeune Allemande rencontrée aussi à l'auberge de jeunesse qui voyage à travers l'Europe avec un billet de train Inter-rail. À l'automne, elle parira pour le Népal afin de faire du bénévolat pour une organisation humanitaire.

Voyager c'est aussi découvrir des gens, des passions, des idées différentes.

Ce soir, je suis arrêté à St-Rambert d'Albon, petite ville dans la région des Côtes du Roussillon.


Aujourd'hui, la Via Rhona a été à la hauteur. Après avoir débarqué du train à Givors, une conductrice d'autobus m'a bien renseigné sur la direction à prendre pour atteindre le Rhône. Après avoir côtoyé les autos durant quelques kilomètres, Jusqu'à St-Romain du Gal, la piste cyclable a débuté.


Vers Givors, dans le train

Le Rhône est de plus en plus imposant au fil de la route, la piste le longe et les paysages sont beaux. Je suis au pays des vignobles, il y en a plein autour.

J'ai dû lutter contre des vents très forts toute la journée et les prévisions d'orages ne se sont pas réalisées et c'est tant mieux. La piste cyclable était encombrée de branches. J'ai fait du slalom à maintes occasions pour éviter les éviter. Des masses de nuages noirs encombraient le ciel mais il me semble que le vent les emportait ailleurs.


 Au loin, un vieux château
 Les vents forts changent mon parcours en slalom...


La piste longe le Rhône, cela implique des affluents qui s'y jettent.

Ce soir, je campe et le vent est incroyable. J'aime les éléments qui se déchaînent, c'est vivant...

Jour 71 Jeudi le 17 septembre 2015 France 
St-Rambert d'Albon (Côtes du Roussillon) à Charmes sur Rhône (La Drôme)
76 km Total 5148 km

Le déluge. Au petit matin, la pluie a débutée et sa grande intensité n'a pas démordu et ça durera de longues heures. Ma tente, ces dernières semaines a montré une faiblesse dans une couture qui a été refaite pour changer la fermeture éclair du double toit. Ce fut une petite goutte de temps à autre mais ce matin, gouttes après gouttes, je dois réagir car l'eau va s'écouler sur la toile du plancher. Il est 6 heures, c'est une belle heure pour se lever.



J'ai déjà fait cet exercice en cas de pluie; s'habiller en gore-tex avant de sortir de la tente, préparer et fermer tous les sacs et sortir le tout pour ensuite emballer la tente dans des sacs ziplocks pour faire sécher plus tard.

Heureusement, un abri est à proximité. Ça me permet de petit-déjeuner tranquillement en écoutant les trombes d'eau qui tombent.

Un deuxième café, j'ai bien le temps avant que ça se calme un peu.


À 11 heures, sous la pluie dont le débit a un peu ralenti, je pars. On verra pour la suite. Je m'attends à voir le Rhône gonflé...

Un peu plus loin, je dois dévier de la piste, une route fermée. Je prends la Nationale 7 sur quelques km. Pas reposant. Avec la pluie, les camions, la forte circulation.





Une petite ville, un giratoire ( y'en a partout et tout le temps), je vois l'enseigne de la Via Rhôna, je l'emprunte... Si c'est inondé, je reviendrai sur la route avec les autos mais je prends la chance. C'était la bonne décision. Le calme, pas d'autos et depuis, Lyon, je dois reconnaître que les indications sont claires et que la piste est très bien.





Je change de côté du Rhône assez souvent. Tantôt je suis en Ardèche, tantôt en Drôme. L'Ardèche, notamment m'a donné des beaux paysages. Des montagnes, des vignobles accrochés à leurs flancs. Ici se produit quantité de vins.

La pluie a cessé en début d'après-midi, le ciel s'est dégagé tout d'un coup et le soleil frappait fort. J'ai pu faire sécher l'équipement lors d'une pause.

Ce soir, on voit les étoiles et le camping municipal de Charmes sur Rhônes m'a offert un "mobil home" pour un prix plus que raisonnable, 16 euros (au lieu des 27 normalement chargés). C'est un peu plus que le prix d'un emplacement pour une tente. Généreuse, la gérante du camping m'a offert une généreuse portion de spaghetti avec sauce à la viande ainsi que la moitié d'un pain baguette ainsi que 2 pommes fraîchement cueillie pour mon dîner. Quelle gentillesse !



Jour 72 Vendredi le 18 septembre 2015 France 
Charmes sur Rhône (La Drôme) à Pont St-Esprit (Ardèche) 
107 km Total 5256 km

Six heures, le bruit de la pluie qui tombe m'éveille. Ce n'était pas prévu... Je suis bien content d'être à l'abri dans le " mobil home " Je me rendors, je ne partirai pas à la pluie...

Au réveil, le ciel s'est dégagé. Neuf heures, c'est le départ. Je veux me rendre à Pont St-Esprit. J'approche du but et ça m'encourage.

La Via Rhôna m'a bien servie aujourd'hui et j'ai retrouvé le plaisir de rouler dans la nature, seul dans le silence. Les pluies diluviennes des derniers jours ont gonflé les cours d'eau qui se déversent dans le Rhône. À deux reprises je dois me mouiller les pieds et traverser des cours d'eau dont un fait bien 20 mètres de large.

J'ai traversé !  De l'eau jusqu'aux pédales, le courant en prime...

Il fait beau, j'ai le vent dans le dos toute la journée (107 km à 20 km à l'heure de moyenne... Avec tous les détours c'est bon), le fleuve est majestueux, je vois des châteaux, de beaux paysages.

À Rochemaure, une vieille ville avec des châteaux perchés dans les collines de la Drôme, je traverse le Rhône sur un impressionnant pont suspendu. Dans le vide... C'est l'impression que l'on a car les côtés du pont sont en treillis métalliques et le courant du Rhône, tourbillonne en bas. Il fait donc fixer l'autre extrémité du pont et rouler sur le treillis métallique.

Rochemaure, le tablier du pont est aussi en treillis et accentue l'impression de vide

À partir de Verviers, la piste n'existe plus. Je devrai faire les derniers quelques 200 km sur la route.

À Pont-St-Esprit (on entre dans la ville par un pont qui semble dater des romains), un bureau de tourisme.

Je coucherai ici ce soir. Il y a des campings mais à 3 km vers le nord. Qu'importe, j'ai assez fait de km aujourd'hui. Le prochain camping vers le sud est à au moins 10 km et je dois faire des emplettes et tenter de trouver une cartouche de gaz.

Après les emplettes, je tente ma chance chez M. Bricolage pour le gaz sans succès. Dans le secteur les seules cartouches de gaz disponibles ne sont pas compatibles pour mon brûleur.


La Provence dévoile des paysages inspirants

Je m'arrête à un premier camping. La personne au comptoir est tellement bête que je passe la porte et me dirige vers le prochain. J'ai bien fait. 

Courtoisie, amabilité, et rencontres agréables. À la réception du camping j'ai acheté une bouteille de vin de la région, Les Mariniers (Côtes du Rhône) pour 11 euros. C'est le meilleur vin que j'ai bu depuis longtemps. 

De plus, une fois installé, j'ai la visite de membres d'une famille qui se réunit pour la fin de semaine. Léa, une jeune femme spéléologue me présente sa parentée et me parle des grottes de sa région, le Vercors (pas loin d'ici).



C'est une belle journée !

Jour 73 samedi le 19 septembre 2015 France
Pont St-Esprit (Ardèche) à Avignon 59 km
Total 5315 km

La nuit dans les 11 degrés a laissé une épaisse rosée sur ma tente. Dans la nuit, j'ai pu voir le ciel magnifique, plein d'étoiles, c'est le privilège des campeurs comme moi qui se lèvent parfois durant la nuit.

Il fait une température superbe, le soleil luit sur le Rhône et le vent vient du nord ouest, c'est bon pour moi qui va vers le sud. Emprunter la route et côtoyer les autos, lorsqu'elle n'est pas trop encombrée comporte certains avantages.

On peut, de la route, observer l'activité humaine et les gens qui vaquent à leurs activités. Je peux aussi avoir accès aux commerces, comme les boulangeries par exemple. Aussi, je me déplace plus vite, il y a moins d'entraves que sur la piste cyclable.


Le cellier d'un des nombreux producteurs de vin de la région 


Juste avant d'arriver à Avignon, j'arrête un moment à la tour de Philippe Lebel. Ceux qui comme moi ont lu "Les rois maudits" de Maurice Druon, comprendront que milles images défilent dans ma tête à la vue de cette tour où s'est jouée une tranche de l'histoire de la France liée d'une part avec celle du Rhône que je côtoie depuis Genève.


La tour de Philippe LeBel. Là où s'est déroulé des événements importants de l'histoire française

Je m'étais dit que j'allais jusqu'à Arles aujourd'hui mais arrivé à Avignon, j'ai appliqué les freins. Passer à Avignon sans s'arrêter, ce serait manquer une des plus belles villes de Provence. De surcroît, cette fin de semaine est consacrée au patrimoine et les accès sont gratuits partout.


J'entre à Avignon, au loin le fameux pont


Jour 74 Dimanche le 20 septembre 2015 France
Avignon
0 km Total 5315 km


Ce matin j'ai visité la boulangerie avant de préparer mon petit-déjeuner. J'ai placé la table devant la fenêtre et ouvert grand les volets. Je prépare un petit déjeuner du dimanche, oeufs, croissants, fromage, pains aux chocolats, yogourt.

Il fait un beau soleil mais vente beaucoup. Werner, le père de Caroline m'avait parlé du mistral, ce vent du sud cinglant qui frappe avec des bourrasques subites. C'est bien lui, le mistral du sud de la France. Je préfère ne pas être sur mon vélo...

C'est une belle journée pour visiter les fortifications qui ceinturent la ville et qui sont admirablement bien conservées. Avignon est une magnifique ville médiévale, tout en petits passages et où les templiers vivaient.
Ma première étape est le pont d'Avignon, construction spectaculaire pour l'époque. Le Rhône a eu raison des constructeurs qui ont abandonné sa construction (ou reconstruction) après que les crues l'eurent détruit plusieurs fois.


 Le pont 
Près des murs de la forteresse, des boulets taillés à même la pierre









Je visite ensuite la cité des papes. Déjà, sur la place devant le palais, je vois le côté ostentatoire de cette cité dans la cité. Le pouvoir mène t'il invariablement à la démesure? L'intérieur du palais est impressionnant bien que vide. Les pièces sont immenses et hautes de quelques dizaines de mètres.
L'entrée du palais des papes, un lieu ostentatoire, démesuré !



Avignon est agréable à visiter car on peut voir tous les points d'intérêt à pied. Les automobilistes qui s'aventurent dans la ville doivent savoir où ils vont. Les rues sont toutes à sens unique et certaines sont carrément interdites aux autos. Les vélos, quant à eux, sont bien desservis par un bon réseau et une signalisation adéquate.

Le soir, je mange à un resto gastronomique (une bouillabaisse a fait mon régal), et je me promène dans les petites rues sous le croissant de lune. Dans Avignon, on est transporté aux temps médiévaux et je ne serais pas surpris de voir apparaître des templiers au détours d'un de ces petits passages.











Jour 75 Lundi le 21 septembre 2015 France
Avignon à Arles
56 km Total 5371km

Encore ici, je ne pouvais passer tout droit à Arles.

Sur ma route, j'ai d'abord senti le passage en Camargue. À Beaucaire, un monument dédié à un taureau trône au centre de la ville.

Arrivé à Arles, me voilà d'abord plongé au temps des romains car la ville recèle des vestiges d'importantes constructions de cette époque (plus de 2000 ans). Il y a aussi une arène magnifique et un théâtre antique.

Le centre d'Arles est dominé par des vestiges romains dont l'arène 







 Arles est aussi le lieu des corridas, annoncées à grand renfort de publicité.



 J'ai pu visiter un thermes de l'époque de l'empereur Constantin.


Arles est une ville tout en détours et en petits escaliers. Plusieurs lieux rappellent Van Gogh qui a séjourné à Arles en 1886-87.


Le Rhône borde la ville au sud mais un immense mur, en fait une digue, cache le fleuve.
J'ai pris mon dîner au resto "Les filles du 26" en débutant mon repas, Provence exige, par un pastis Ricard ! À mes côtés, des suédois amateurs de vin qui faisaient la tournée des grands producteurs. Ils étaient charmants et à leur départ du resto, ils m'ont remis l'adresse de leur B&B en Suède en m'invitant à les visiter.



Jour 76 Mardi le 22 septembre 2015 France 
Arles à Saintes-Maries de la mer
60 km Total 5428 km

La Camargue dans toute sa splendeur !

D'Arles, je pensais d'abord aller à Port-St-Louis pour atteindre la Méditérannée et clore mon périple. Cependant Michel un ami, m'a plutôt suggéré Saintes-Maries de la mer beaucoup plus joli (Port-St-Louis serait un centre industriel axé sur le traitement du pétrole...).

Saintes-Maries de la mer est à une quarantaine de km d'Arles. Je prends donc mon temps pour m'y rendre. La Camargue est une grande plaine parsemée de marais, de grandes propriétés agricoles, ces "mas", de rizières et de marais salants.

Dans les champs, on peut y apercevoir les fameux taureaux de corrida et les chevaux tout blancs. 




Je me suis arrêté au domaine de Paul Ricard, celui qui a mis au monde le pastis du même nom.


Les marais salants

Dans les étangs, les flamands roses allongent leurs longues pattes en calant leurs têtes dans l'eau pour se nourrir.

Près de Saintes-Maries de la mer, l'architecture méditerranéenne caractérise les constructions résidentielles. Une certaine influence espagnole est présente dans les formes et les couleurs.

Rendu à destination, je trempe mes pieds et les roues de mon vélo dans la mer. J'ai atteint mon but après 5400 km.


Après 5 400 km, la mer Méditerranée. Après la Norvège, l'Écosse, la Suisse, la France, je ne peux aller plus loin. 

 Coucher de soleil sur Saintes-Maries de la mer



Jour 77 Mercredi le 23 septembre 2015 France Saintes-Maries de la mer à Le Pègue ( La Drôme).
(Vélo de Saintes-Maries de la mer à Aigues-Mortes - 29 km; Train Aigues-Mortes à Nîmes;
Train Nîmes à Avignon;
Train Avignon à Montélimar;
Vélo de Montélimar à Le Pègue 30 km)
69 km Total 5497km

Il fait encore beau aujourd'hui. Cependant, le mistral qui s'engouffre dans le delta du Rhône souffle fort et apporte de l'air froid.

Je pédalerai donc à contre-vent jusqu'à Aigues-Mortes, là où je vais prendre le train afin d'aller rejoindre Michel et Joëlle qui m'accueilleront pour les prochains jours. Hier soir, nous avons réussi à communiquer par téléphone grâce à l'amabilité du personnel du petit hôtel où je logeais. Michel a vérifié pour moi l'itinéraire que je devais suivre en train depuis Aigues-Mortes.

Je suis heureux d'avoir complété mon parcours et d'avoir atteint la destination telle que je l'avais planifiée. Je sais que cela me nourrira en souvenirs pendant des années. J'ai découvert des lieux et des gens formidables.

Je vais maintenant prendre un peu de repos avant le retour au Québec. Le voyage en solitaire à vélo est un mode de vie palpitant mais exigeant physiquement et psychologiquement. Le fait de pouvoir communiquer souvent avec mes enfants et de profiter de leurs encouragements rend mon expérience encore plus heureuse.

Le fait de savoir aussi que d'autres personnes pensaient à moi durant mes pérégrinations, s'intéressaient à mon voyage, aux photos et à mes carnets de voyage me motivait.

Comme le disait Anne Hébert, dans le voyage, ce n'est pas tant la destination qui compte que le chemin parcouru pour y arriver. Ainsi, au bout de tous ces kilomètres, j'ai découvert de lieux, de gens, diverses façons de faire et de penser mais je me suis aussi un peu découvert... Fin du voyage.

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