La Jamésie via la Route du Nord

DESTINATION JAMÉSIE 

EEYOU ISTCHEE BAIE-JAMES

Via la Route du Nord


Le  25 juillet, j'entame une incursion dans un territoire démesuré, celui de la Jamésie. Tellement démesuré que cette année j'en explorerai qu'une partie seulement, celle au sud du km 394 de la route Billy-Diamond ou route de la Baie-James qui en compte 617 jusqu’à Radisson. Pour les amateurs de bout du monde, cette région vous permet d'accéder aux extrémités des routes carrossables les plus à l'est de l'Amérique soit à Chisassibi et Caniapiscau.

L'immensité du territoire donne le tournis. Il se situe entre les 49e et le 55e parallèle. Sa superficie couvre 350 000 km carrés (aussi grand que l'Allemagne). Sa population se compose de la nation Cri (17 000 habitants), et les Jamésiens ( 16 000 habitants). 

Le développement de la Jamésie résulte des immenses projets de barrages hydro-électriques qui y ont été réalisés. Explorer ce territoire à vélo comporte des défis et nécessite une planification minutieuse. Le fait d'accéder à cette région par la Route du Nord, une route de gravier qui s'étale sur plus de 400km, c'est un exploit en soi.

Un périple d'au moins 2 300 km et d'une durée d'environ un mois. 

Prêt pour l’aventure !


L'itinéraire


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Jour 1 - Dimanche 25 juillet 2021
Shawinigan / La Tuque (130 km)

Départ au petit matin sous la pluie qui tombera parfois avec force jusqu’au milieu de l’avant-midi.

La route 155 s’étire doucement le long de la majestueuse rivière St-Maurice. Rouler à vélo dans cette vallée est un privilège. 

Avec un peu d’imagination on voit les milliers de billes de bois qui y flottaient et entend les cris des draveurs qui sautillaient sur les empilements de pitounes.

On imagine aussi les Atikameks qui sillonnaient la rivière en canot allant marchander le fruit de leur trappe au sud.

Même si elle possède un large accotement en bon état, la route 155 est réservée aux cyclistes expérimentés. Les énormes camions défilent sans cesse ainsi qu’un cortège continu de VR ayant à leur remorque quads et bâteaux.

Pour contrer l’affluence j’ai choisi de démarrer mon périple avant le lever du soleil et un dimanche matin,  normalement plus tranquille sur les routes.

J’ai eu une belle surprise à mon départ de la part de ma fille et de son gentil chien Buck. Voyez par vous même …




Le long du St-Maurice

La belle rivière St-Maurice






Une fois à La Tuque, j’ai constaté qu’elle avait été, comme bien d’autres villes frappée durement par la pandémie. 

Beaucoup de restos sont fermés à cause non seulement de la période de confinement mais à cause de la difficulté à recruter du personnel. Les restaurants ouverts réduisent drastiquement les heures d’ouverture.

L’économie de La Tuque repose grandement sur la foresterie. Sur la photo ci-bas on peut voir à deux pas du centre-ville les montagnes de bran de scie accumulées par l’usine de papier de l’entreprise West Brock.

Les montagnes de sciure de bois …






Jour 2 - Lundi 26 juillet 2021
La Tuque / Lac Bouchette (113km)

Je quitte La Tuque toute enveloppée de brouillard. Heureusement la visibilité reste passable et bientôt le soleil dissipe la brume.

Je pédale encore toute la journée sur la route 155.

Demain j’en verrai le bout puisqu’à Chambord elle donne place à la route 169.

Les 15 degrés du début de journée ont fait place à des 23 degrés qui m’ont fait avoir chaud et passablement drainé. 

Les paysages alternent entre de magnifiques lacs et la forêt. 

J’ai longé la belle rivière Bostonnais durant une bonne partie du trajet. Encore une fois, la meilleure façon d’apprécier cette belle nature est de la pédaler.

La route 155 entre La Tuque et Chambord offre aussi un accotement assez généreux mais qui en certains endroits varie en largeur. Certains tronçons courts sont sans accotement et compte-tenu de la circulation à assez haut débit et de la présence de nombreux camions et VR, c’est gênant. Le bas côté en gravelle tapée permet de s’esquiver en dernier recours. Sur ce genre de route, le miroir n'est pas une option.

Arrivée en milieu d’après-midi au Lac Bouchette, jolie petite localité. Le plus souvent on passe tout droit ici car on s’en va au Lac St-Jean. C'est un arrêt qui en vaut pourtant la peine.

Je dors au camping de l’Ermitage St-Antoine situé sur le lac Bouchette. St-Antoine est omniprésent ici, des pensées, des statues, des icônes sur tout le site.

À l’Ermitage l’offre est autant spirituelle que physique. On peut s’occuper de revamper votre spiritualité et aussi de regénérer votre corps. Comme leur publicité le dit c’est autant un sanctuaire naturel qu’une oasis spirituelle.

J'ai profité du calme du site, propice au repos.

Leur restaurant tout en simplicité m’a comblé avec une terrine et des pâtes gratinées.



La belle rivière Bostonnais





Le lac Bouchette








Jour 3  -  Mardi 27 juillet 2021
Lac Bouchette /  Camping St-Félicien (80 km)

Très belle journée pour rouler avec une température dans les 13, 14 degrés.

Une fois à Chambord, j’ai pu profiter de la Vélo-route des bleuets et surtout de pouvoir apprécier rouler le long du lac St-Jean. C’est tellement bon de rouler en marge des autos et de profiter de la campagne. 

Arrivé au camping municipal de St-Félicien j’ai constaté que mon emplacement était situé pratiquement sur la route 167. Un site sans service à 40$ ! Les bouchons seront de mises cette nuit. Ce sera différent de ma nuit d’hier transcendée de piété et du silence de Saint-Antoine.


Le premier coup d’œil sur le Lac St-Jean





La 155





Jour 4  - Mercredi 28 juillet 2021
Camping St-Félicien / Camping Lac Chigoubiche Réserve faunique Ashuapmushuan (108,5 km)

Je décerne la cote 1/2 au camping municipal de St-Félicien.

J’ai quand même pu me reposer en me bouchant bien les oreilles.

C’est avec une certaine appréhension que je prenais la route 167 ce matin ne sachant pas à quelle densité de circulation j’aurais affaire et quelle largeur d’accotement j’allais disposer.

Je me doutais  bien que des mastodontes transportent du bois et toute sortes de cargaisons mais c’est tout. Finalement côté accotement on retrouve de tout. Un mètre de large à zéro accotement en passant par 30 cm.

Ce qui a fait toute la différence est la faible densité de la circulation. J’avais amplement le temps de voir venir les gros camions et si un autre venait à ma rencontre en même temps qu’un autre me dépassait, je m’esquivais dans la bande de gravier pour leur laisser la place.

Sinon, les mastodontes me dépassait en se rangeant complètement dans la voie opposée. Des vrais pros !

Sur mon 108,5 km je n’ai eu affaire qu’à un con qui m’a klaxonné à fond avec sa mini auto rouge.

Les dénivelés sans être monstrueux étaient quand même nombreux et faisait travailler le cycliste.

Les paysages encore une fois sont magnifiques et s’enchaînent les lacs, rivières et la forêt magnifique.

Arrivé au camping du lac Chigoubiche vers 17:30 h j’ai pu admirer le magnifique lac… voir photos






Le lac Chigoubiche



Jour 5  - Jeudi 29 juillet 2021
Camping Lac Chigoubiche Réserve faunique Ashuapmushuan sur la 167   /   Chibougameau (122 km)

Le lac Chigoubiche m’a ravi. J’ai eu l’occasion de parler avec des personnes sympathiques et de bien me reposer.

Ce matin le ciel nuageux a attendu vers 8 heures pour laisser la pluie tomber. Juste le temps de décamper et gagner la route 167 sur laquelle je roulerai encore toute la journée.

J’ai enlevé et remis les habits de pluie 2 fois durant la journée.

Les pauses régulières, manger, rouler en surveillant les camions et parfois dégager la route pour donner l’espace à deux gros camions qui se croisent. La journée s’égrène ainsi tout en admirant la nature.

Je suis officiellement passé dans la région Eeyou Istchee Baie-James. 

Arrivé à Chibougameau vers 16:15 h, je me dirige vers le Motel Nordik où je passerai 2 nuits avant d’entamer la fameuse Route du Nord.





Jour 6  - Vendredi 30 juillet 2021
Chibougameau (0 km)

Repos après 474 km roulé en 5 jours c’est bien mérité. Mon arrêt tombe à pic. Il fait une température de chien depuis hier. Demain le ciel se dégagera pour mon départ.

En début de voyage, le corps est un peu malmené. Il doit s’ajuster au changement subit d’horaire, au stress de l’inconnu vers lequel je pédale, à l’effort constant fournie la journée durant. Le sommeil est plus léger, le matelas mince et l’exiguité de la tente développe la souplesse.

L’halte à Chibougameau est aussi l’occasion de faire le point, réorganiser les sacs, faire une lessive, aller au bureau de poste cueillir mes rations de repas déshydratés pour les prochains jours et se préparer mentalement pour la suite.

La Route du nord que j’emprunte demain mérite une préparation minutieuse car c’est l’isolement complet pour quelques jours qui m’attend. Ma première étape sur cette route de gravier est à 300km de Chibougameau (le camp forestier de Némiscau).

 Je pense comme les alpinistes lorsqu’ils gravissent les montagnes. C’est la montagne qui décide si elle veut se laisser conquérir. C’est la Route du nord qui décidera si elle me laisse la franchir. 


Jour 7  - Samedi 31 juillet 2021

Chibougameau / Route du nord - Lac Ragneault (122 km)


Splendide journée ! Le soleil est là et la température est dans les 8 degrés ce matin et 15 degrés environ durant le jour. Température idéale pour pédaler.


C’est un jour spécial aijourd’hui, j’emprunte la Route  du nord. Cette route relie Chibougameau à la route de la Baie James sur 407 km.


Malgré une minutieuse préparation, emprunter la Route du nord, route de gravier isolée de pratiquement toute civilisation m'a fait hésiter jusqu'à la dernière minute. 


Tout d'abord utiliser un vélo de cyclotourisme chargé pour l'autonomie et équipé de pneus 700 x 32 me semblait réalisable selon les renseignements et photos que j'avais vu sur Internet. Je n'ai pas moins douté jusqu'à la veille de la faisabilité de mon projet. Sur ma route entre Shawinigan et Chibougameau, j'ai sûrement changé d'idée des dizaines de fois pour enfin me dire qu'il fallait que j'aille voir de mes yeux ce qu'il en était. 


Une fois à Chibougameau j'en étais encore à faire des vérifications sur mon trajet. J'ai décidé, pour dissiper mes peurs, de tenter de rejoindre une personne qui avait elle même effectué la fameuse Route du nord à vélo dans le cadre d'un événement caritatif pour la cause des femmes en collaboration avec l'Association d'entraide Le Chaînon. Mme Caroline Paradis avec son projet Défi Caro à vélo (voir les détails sur Internet), a parcouru des milliers de km au Québec pour amasser des fonds pour la cause des femmes. 


Mme Paradis a prestement répondu à ma requête et nous avons échangé sur le déroulement de sa traversée de la Route du nord. Elle m'a confirmé l'état de la route et ses difficultés, le type de pneus utilisés, la facilité à s'approvisionner en eau tout au long du parcours et même les sites utilisés pour camper tout au long de la route. C'est ce qui m'a convaincu de tenter l'expérience malgré le calibre de pneus dont est doté mon vélo. Au pire, je tournerai de bord !


Finalement après cette première journée, je suis plus qu'encouragé. J'ai parcouru 122 km entre Chibougameau et le km 98 de la Route du nord soit 24 sur l'asphalte et 98 km en gravier de la Route du nord.


De surcroît, la densité de circulation est très faible et je n'ai rencontré aucun camion de bois de largeur excessive.



Ça y est l'aventure débute ici, la Route du nord. Devant moi 291 km jusqu'au camp de Némiscau







Au lac Ragneault



Jour 8  - Dimanche 1er  août 2021

Route du nord km 98  - Lac Regnault /    Route du nord km 200 (102 km)


Mon début de journée se passait dans l'enthousiasme jusqu’au km 131 à la hauteur de la splendide rivière Broadback. Une fois passé la rivière, la route m'a fait souffrir sur 73 km des 102 que j'ai franchi. La route est devenu « molle» et je devais trouver la partie ferme située le plus souvent en plein milieu de la route et de la largeur d'un pneu de camion. Une concentration de tous les instants.


Même si la circulation est très faible, c'est une préoccupation de tous les instants de repérer un nuage de poussières s’élever soit devant ou derrière moi. Normalement les conducteurs ralentissent à mon croisement pour ne pas trop «m'enpoussiérer» et les habitués de la route savent que les projections de roches sont dangereuses. Certains, soient inconscients ou trop pressés ne ralentissent aucunement - et ce même si officiellement la vitesse est de 70 km, roulent à plus de 100 km. Dans ces cas, je me dégage sur le bas côté afin de ne pas me faire assommer par un caillou. Dans un cas, une roche a frappé mon casque. 


Les gros camions remorque sont les plus courtois, ils ralentissent leur énorme machine et prennent le temps de me saluer avant de remettre les gaz plus loin. Des vrais pros. 


Il y a aussi les autochtones qui sont vraiment attentionnés. Ils ralentissent en me croisant, ouvrent leur fenêtre et me salue poliment avant d'accélérer de nouveau.


Finalement ma journée s’est terminée au km 200 à 18 h, là où une petite partie du côté de la route était dégagée et où j'ai pu planter ma tente.


Aujourd’hui, sur ma route des personnes bienveillantes se sont arrêtées pour me saluer et jaser un peu. M. Marc Asselin, travailleur chez Hydro-Québec m'a aimablement parlé de la route et de ses risques. De ses 30 ans de carrière il m'a affirmé qu'il avait rarement vu des vélos sur cette route tout en prenant ma photo et notant mon nom. M. Asselin m'a bien répété d'être très  prudent.


Un monsieur et son épouse, des Cris, qui m'avaient croisé et parlé hier sont revenu voir me voir aujourd'hui pour s'enquérir si j'allais bien et vérifier si j'avais tout ce qu'il me fallait. Quelle sollicitude !


Un autre couple autochtone s’est arrêté pour me demander si j'avais besoin de quoi que soit. Travailleur dans la gigantesque mine Opémiska qui exploite le cuivre, l'or et l'argent, le monsieur est en vacances dans sa région. Il s’enquérait si j'avais tout ce qu'il me fallait.


Un charmant couple en VR m’a demandé si tout allait bien, se sont informé de mon trajet en plus de me donner des superbes jujubes qui m'ont donné un boost pour quelques km.


La nature est si impressionnante ici. Si démesurée relativement aux zones habitées, si immense, zen et paisible. Je m’y sens parfaitement à l’aise, aucune impression d’oppression, d’anxiété ou de vide. Le temps ici semble s’écouler au même rythme que la nature, sans rien bousculer.


Km 200 

Quel ciel !
Calme, silence, tout est englobé par cette nature immense




Jour 9 -  LUNDI 2 août 2021

Route du nord (km 200 km)   /    Camp de Némiscau (91 km)


Encore une journée difficile pour les conditions de la route. Avec mes pneus gonflés à plus de 85 PSI, chaque roche est l'équivalent d'un coup sec qui vibre dans tout le corps.  Mes pneus 700 x 32 augmentent ces répercussions. Je ne me risquerais pas à les dégonfler pour amortir les chocs avec la charge dans les 35 kg de matériel en plus de mes 67 kg qu'ils doivent supporter.  C'est aussi afin d'éviter des dommages au corps du pneu en plus du risque de pincer la chambre à air sur la jante et causer une crevaison. Ceux qui ont facilement mal aux fessiers à vélo, s'abstenir !


Qu'importe, la nature autour est pure beauté pour les yeux et le cœur et me ramène à la sérénité. La rivière Rupert entre autres, les magnifiques lacs, les zones humides immenses. Je suis chanceux de rouler à vélo dans cet environnement.


J'ai eu un coup de déprime lorsque j'ai vu la remblayeuse venir à ma rencontre. Normalement, cette dernière ajoute du gravier mou sur la surface qu'elle remblaie et je craignais que la petite partie assez dure dont je disposais pour rouler ne disparaisse à son passage. Heureusement, ça n'a finalement qu'amélioré mes possibilités de rouler sans craindre de mordre dans le mou. 


Cela n'a duré qu'un temps cependant et je me suis fait brasser le pommier une bonne cinquantaine de km de mon trajet à cause de l'état bosses-trous/fosses de sable/grosses pierres parfois de la grosseur du poing qu'il me fallait éviter.


Malgré tout, je suis arrivé à Némiscau vers 16:30 h sous une fine pluie qui a augmenté par la suite. Mohamed avec qui j'avais parlé au téléphone durant la préparation de mon voyage m'a accueilli chaleureusement en me donnant une bouteille de jus de pomme sortant du frigo. 


Une chambre avec salle de bain privée m'attend dans le camp de travailleurs et je peux accéder à la cafétéria.


Je suis très fier d'être arrivé ici dans les délais que j'avais planifié.. c'est l'heure du repos pour mieux reprendre la route mercredi matin.






Rivière Rupert, grandiose !



Mohamed et Rami m'ont chaleureusement accueilli au camp de travailleurs de  Némiscau

Un ami des travailleurs

Jour 10 - Mardi 3 août 2021

Camp Némiscau (0 km)

Repos, lessive, entretien du vélo, manger, manger !


Jour 11   - Mercredi 4 août 2021

Camp Némiscau   Route Eastmain 1 - Muskeg (118,5 km) 

1 000 km de parcouru à date


Une fois arrivé au camp de Némiscau j’étais dans le même état d’esprit que lors de mon passage à Chibougameau. J’hésitais sur la route à prendre pour me rendre à la route de la Baie-James.


Le plan initial était de prendre la route Eastmain-1- Muskeg en gravelle aussi sur 148 km. Cependant, je pouvais aussi continuer sur la Route du nord sur 117 km et ainsi rejoindre la route de la Baie-James et ainsi faire moins de km.


J’ai appris en voyageant qu’il faut y aller une étape à la fois et adapter le plan à la situation du moment.


En arrivant à Némiscau j’avais besoin de repos après avoir trimé dur durant 3 jours sur la route difficile. La tête et le corps en ces moment ne sont pas prêts à envisager la suite du défi.  Repos donc et les pensées deviennent plus claires, les décisions mieux mesurées.


À part me rassasier à la cafétéria du camp et dormir je suis quand même retourné à mon itinéraire, analysé et parlé directement à celui qui nivelle et entretien les routes de ce secteur. Il m’a expliqué que la route d’Eastmain-1 / Muskeg est beaucoup plus belle que la Route du Nord. 


Ces informations, combinées au repos mental et physique m’ont convaincu de conserver mon itinéraire initial.


Une température magnifique était de retour mercredi matin et c’est avec enthousiasme que je reprenais la route. 


J’ai roulé 118,5 km avec beaucoup de bonheur. Le temps, dans ces grands espaces semble perdre son emprise.


Sur ma route, de belles rencontres dont une dame qui venait directement  de Radisson qui a pris le temps de parler un peu.


J’ai recroisé dans la totale surprise M. Marc Asselin, un employé d’Hydro-Québec qui avait pris le temps d’échanger avec moi sur la Route du nord. Il a garé son camion sur le côté de la route et nous avons de nouveau fait la conversation. M. Asselin a une feuille de route impressionnante, militaire durant plusieurs années, membres des forces des Nations-Unies et une carrière chez Hydro qui l’a mené sur tous les chantiers.


M. Asselin tenait à me donner des denrées dont un morceau de gâteau au fromage, une pointe de tarte au sucre, deux petits gâteaux roses saupoudrés de noix de coco, une conserve de saucisses viennoises, deux biscuits à la mélasse, un sachet de bouchées de chocolat et deux boissons gazeuses. Et pas question que je refuse.


Je trouvais que c’était trop car j’avais déjà prévu mes collations pour la route mais après 118 km, il ne restait plus grand chose de la généreuse offrande de M. Asselin !


Une autre belle rencontre, J. F. Aubin, un jeune homme employé d’Hydro qui s’est arrêté pour me demander si j’avais besoin de quoi que ce soit. Il m’a donné une bonne bouteille d’eau fraîche. On a jasé cyclotourisme. Une pause rafraîchissante.


Photo prise par J.F. Aubin, technicien forestier chez Hydro- Québec. Une autre belle rencontre


J’ai installé ma tente sur une route de travers à une trentaine de mètres de la route principale. Il faisait doux et humide. Les petites mouches se manifestent lorsque le soleil commence à décliner. J’utilise une spirale pour les chasser durant la préparation de mon repas. À date les mouches et maringouins ne sont pas un souci majeur.





C'est le seul caribou que je verrai. En cette saison, ils sont plus au nord


Déjà 1 000 km de parcouru

C'est vraiment exaltant d'être ici




Le grand réservoir d'Eastmain 1


L’évacuateur de crues du barrage Eastmain

C'est le troisième parallèle que je franchis depuis mon départ





Jour 12  - Jeudi 5 août 2021

À 118,5 km de Némiscau sur la route Eastmain 1 - Muskeg

   /   KM 381 route Baie-James

 (Total de 48 km)


Réveil vers les 5:30 h et un coup d’oeil vers le ciel m’indique que je ne devrais pas trop attendre pour décamper avant que la pluie ne tombe. De fait, j’entends l’orage qui bombarde de tonnerre le ciel un peu plus au sud. Le temps de débuter mes manoeuvres de décampement, une ondée traînée par l’orage qui chemine vers le nord tombe durant 1  ou 2 minutes et le ciel se dégage complètement.


Je peux déjeuner tranquille et durant ce temps le double toit de la tente a le temps de sécher.


Départ à 8:20 h, en route pour rejoindre la route asphaltée de la Baie-James !


Vers 11:30, c’est avec un sentiment partagé que j’arrive à la fin de la route gravelée Muskeg. J’ai passé des heures exaltantes sur ces routes isolées dont la circulation est minime. Je vais manquer ce silence et l’infini paysage vert ainsi que les plans d’eau qui se succèdent sans cesse et le ciel qui m'avale.


Sur la route de la Baie-James, me voici sur l’asphalte et avec une circulation plus dense mais à plus faible volume que je pensais, du fait que c’est la seule route entre Radisson et Matagami.


Une fois arrivé au relais du km 381 j’y loue une chambre et me restaure.

J’y peaufine la prochaine étape de mon périple.


La grande question est la température de demain. Ici, obtenir la température locale n’est pas facile. Il faut se fier sur l’aéroport d’Eastmain qui est quand même à 134 km à l’ouest ou celle de Némaska à peu près à la mème distance vers l’est. Il semble certain qu’il pleuvra mais est-ce que rouler à vélo sera raisonnable. Cependant, samedi s’annonce beau.


Après bien des vérifications, je me prépare  pour un départ demain matin. Les habits de pluie sont prêts. Je revérifie le tout demain matin. Il faut quand même que je considère le fait que seul le camping sauvage est possible pour les prochains jours.



Jour 13  - Vendredi 6 août 2021

Km 381 de la route de la Baie James /  km 257 Halte routière Rivière Rupert (124 km) + 6 km dans le camion d’escorte (route en construction)


Lever à 5 h, solide petit-déjeuner, j'étais sur la route un peu avant 7 h prêt à braver la météo pluvieuse. Au départ, le ciel n'était pas si menaçant et je nourrissais l'espoir d'un miraculeux dégagement.


Le revêtement de la chaussée de la route de la Baie-James est impeccable. À partir du km 381 le revêtement est en train d'être remis à neuf sur 60 km. Au bout de 40 km j'ai roulé sur 20 km de gravier de la route en construction. Après avoir roulé 460 km sur le gravier de la route du nord et la route de Eastmain et Muskeg… pfff ! :o)


Quelle ne fut pas ma surprise de rencontrer de nouveau le charmant couple déjà croisé sur la Route du nord, ceux là mêmes qui m'avaient donné des jujubes. C'est en me présentant un sac de jujubes préparé à mon intention qu'Anne-Marie et Martin m'ont salué - j'ai pu leur demander leur noms, chose que j'avais regretté ne pas avoir fait lors de notre première rencontre.


C'est avec grand plaisir que nous avons échangé. Prises de photos, échanges sur nos destinations, etc. Ce genre de rencontre fait du bien au cœur et à l'âme. Ces moments où s'installe tout naturellement une amitié rendent l'adage «ce n'est pas la destination qui compte tant que ce que nous fait découvrir notre itinéraire», tellement vrai.


Sur ma route une autre rencontre. M. Girard, un travailleur sur le projet de réfection de la route m’a pris en photo et m'a demandé d'accepter sa demande d'amitié sur Facebook. Un cycliste sur la route de la Baie-James, je n'en vois pas souvent m'a t'il affirmé.


La pluie a tenu sa promesse et brisé mon espoir de ciel dégagé. Elle est tombé avec force et par rasade, s'accentuant à mesure que l'après-midi avançait. Si bien que lorsqu'arrivé à ma destination du jour, la halte de la belle rivière Rupert au km 257, il tombait des clous.


La pluie n'enlevait rien à la beauté de la majestueuse Rupert. Cette rivière, une des dix plus grandes du Québec a vu  défiler des convois organisés dès les années 1660 par les cris, de canots chargés de fourrure descendant du lac Mistassini vers la Baie James. Ils remontaient vers le lac en emportant des marchandises.


Heureusement la halte est d'une certaine importance et un petit abri surmonte la table à pique-nique où je peux tant bien que mal gérer mon installation pour camper. J'arrive à monter la tente tandis que la pluie reprend. La température descend vite et il faut que je change de vêtements pour me garder au chaud.


Une fois changé je peux préparer le bon repas chaud. Dans ces cas, là nourriture déshydratée devient un mets de choix.


La prochaine étape est la meilleure et la seule chose possible à faire avec un temps pareil, celle où je glisse dans le multicouches de sac de couchage en fibre, doublé d'un léger duvet d'oie et finalement d'un «liner en fin coton». Combiné aux manches longues et au port de la tuque légère, je n'aurai pas froid cette nuit.



Anne-Marie et Martin - déjà rencontré sur la route du Nord, ils m'avaient gâté avec leurs jujubes . Sur la route de la Baie James, Anne-Marie et Martin sont subrepticement arrivé à ma hauteur en me tendant à nouveau un sac de délicieux jujubes. Une belle rencontre ! 


20 km de gravier 


Photos prise par Martin





Le pont de la majestueuse rivière Rupert

La Rupert au petit matin

Le paysage défile inlassablement


Une balance pour camions… je me fais peser - 120 kg le vélo, l'équipement et moi 
La route de la Baie James à mon départ du Relais 381


 
Lorsque, venant de la route Eastmain 1 - Muskeg j’ai atteint la route pavée de  la Baie James




Les chambres du camp de travailleurs du Relais 381

La rivière Rupert

Jour 14  - Samedi 7 août 2021

Km 257 Halte routière Rivière Rupert / Km 135  route Baie-James     (122 km)


Je m'éveille sans entendre le crépitement de la pluie sur la tente et c'est déjà une bonne nouvelle. J'attends patiemment que le soleil monte un peu plus haut pour casser le froid et l'humidité.


Ça y est, le voilà, chaud et fidèle à la prévision d'au moins deux jours de beau temps. C'est réconfortant de prendre mon café et le déjeuner en me laissant réchauffer. 


Le soleil joue si bien son rôle que je peux tout faire sécher en me servant des structures qui surmontent les tables à pique-nique pour accrocher les toiles mouillées. Même mes vêtements en fibre mince sont secs avant mon départ. Quel contraste avec mon arrivée sous la pluie hier soir.


Départ à 10:30 h vers le km 135 et cadeau de mère nature, un vent qui descend tout comme moi vers le sud me pousse dans le dos. Au final avec une moyenne de 21,4 km/h je franchirai facilement les 122 km de l'étape.


Le relais du km 135 ne paie pas de mine mais s'avère une place adéquate pour camper.


Grosse journée demain avec un 135 km à pédaler car je tiens à me rendre à Matagami.


Jour 15 - Dimanche 8 août 2021

Km 135  route Baie-James  / Matagami   (135 km)


Journée chaude, la température monte dans les 26 degrés en après-midi et l’humidex est au max. Je sens la chaleur dans le souffle du vent. Ce vent d'ailleurs, je le combattrai une bonne partie de la journée.


De telles conditions de chaleur peuvent devenir critiques, surtout à vent contraire. L’hydratation adéquate est importante. Chose que je fais rarement, j'ai à deux reprises profité d'un ruisseau pour mouiller mon sous-casque de vélo et mon chandail pour me rafraîchir.


Un plan de gestion de l'énergie est très important dans de telles conditions. Des arrêts planifiés régulièrement, débarquer du vélo, enlever le casque et les gants, marcher, manger un peu, boire. On remonte sur le vélo, bon pour un autre bout.


Arrivé à Matagami vers 18:00 h je me dirige vers l'hôtel Matagami. Comme partout au Québec la ville ressent les relents et effets de la pandémie. Aucun restaurant d'ouvert dans la petite ville les fins de semaine. Je peux me rabattre sur la station de service en face de l'hôtel pour me procurer des mets cuisinés qui dépannent bien des gens.


Repos donc pour deux nuits à Matagami. C'est charmant ici, tout simple et fonctionnel.


Un flot incessant d'autochtones défilent par ici. Ils visitent leur parenté dans les diverses communautés de la Baie James.


L'accès à la Route de la Baie James
À cet endroit, il faut s'identifier au poste de contrôle. Une surprise  m'attendait à la guérite. Un sac de jujubes que mes nouveaux amis Anne-Marie et Martin ont laissé à mon intention ,


Au revoir,  belle route de la Baie James, tu m'as tant fait découvrir 



Jour 16- Lundi 9 août 2021

Matagami (0 km)



Jour 17  - Mardi 10 août 2021

Matagami / Amos (182 km)


La journée de repos que je me suis accordé hier a quand même été occupée pour préparer la suite. Révision de l’itinéraire, entretien du vélo, courses en vue de la prochaine étape.


Départ à 7:30 h sous un ciel lourd, dans un air chargé d’humidité. Les prévisions ne laissaient guère de doute sur les hautes probabilités de pluie.


J’avais prévu diviser la distance vers Amos en 2 étapes d’environ 90 km chacune, en deux jours donc, me disant que pédaler plus de 180 km dans la même journée c’était trop.


À 13 h, j’étais déjà à mi-chemin d’Amos même en prenant mon temps. Devant le lac Paradis, ce lac dont l’eau est de couleur émeraude à cause des matières minérales en suspension dans le lac.


C’est la route 109 qui mène de Matagami à Amos. Ici on est au coeur de ce qui représente la région abitibienne. Les mines, tout le long du trajet à intervalle régulier s’annoncent les compagnies minières. Certaines d’entre elles sont des géants mondiaux dont la mine d’or du Géant Dormant.


Autre industrie omniprésente, celle de la foresterie. De la route je vois l’impressionnant équipement de coupe d’arbres. Une machine qui coupe l’arbre debout, l’ébranche et la taille en pitoune en l’espace de quelques minutes.


Du point de vue géologique la route 109 où je roule se trouve pour une grande partie construite directement sur un esker. Un esker est le résultat d’une bande de gravier et de sable formé lors du retrait des glaciers. L’esker abitibien date de 10 000 ans.  C'est pour cette raison que tout autour dans la région on voit plein de carrières de gravier et de sable qui ont alimenté et alimentent encore la construction de routes.


Pour le cycliste, la route 109 n'est pas une promenade du dimanche. Les mines, les camps forestiers, les carrières de sable et de graviers engendre un flot de mastodontes charriant du bois, du gravier et de la machinerie surdimensionnée. Plus souvent qu'à mon tour, j'ai dérivé sur le bas côté pour laisser la place aux poids lourds, d'autant plus que pour une bonne portion de route, l'accotement disparaît.


Sur le plan culturel et historique je me trouve au beau milieu d'un secteur où les algonquiens exploitaient les formidables ressources naturelles de la région pour subvenir à leurs besoins. Leurs méthodes de gestion de ces ressources feraient pâlir de honte les plus grands développeurs urbains. Non seulement les autochtones au fil des millénaires, exploitaient les ressources de la nature en se partageant des secteurs entre eux mais ils géraient les prises de chasse et de pêche en effectuant des rotations pour ne pas épuiser les ressources. De surcroît, les prises de chasse et de pêche étaient consommées entièrement, sans rien jeter. L’été venu, l'ensemble de ces groupes de nomades franchissaient 150 km par la rivière Harricana pour se regrouper et fraterniser. 


Dans ce voyage j'ai appris qu'en Abitibi comme à beaucoup d'endroits au Québec avant le début de la colonisation, la vie battait son plein selon des rites de respect et d’honneur développés depuis des temps immémoriaux. 


Alors, je me tenais donc sur le bord du lac Paradis, celui de couleur émeraude. Sous la forte pluie et les nuages sombres, le site entre le lac et la route prenait l'allure sinistre d’un terrain vague. Dire que j’avais pensé planté ma tente ici ! 


Rapidement ma décision était prise, il est 13 h, trop tôt pour faire mon campement, l’endroit est sinistre et il pleut à verse. Je mange un peu et je continue ma route jusqu’à Amos.


La pluie ralentira au fil des km, je peux retirer les habits de pluie vers la fin de l’après-midi, Éole m’aide un peu avec un léger vent dans le dos. J’arrive au centre d’Amos avec le plus bel accueil que peut avoir le cycliste. 


Deux dames qui se promènent, résidentes d'Amos, me renseignent gentiment sur la route à suivre pour arriver au centre-ville. Elles prennent  le temps de parler un peu et prenant en considération mon souhait d’accéder au secteur des hôtels et restos m’assurent que là où elles me dirigent je serai heureux !  À 19 h avec 182 km dans les pattes je suis à destination.



Le fameux lac Paradis de couleur émeraude



Jour 18  - Mercredi 11 août 2021

Amos / Val d’Or (73 km)


Je ne suis pas trop pressé de partir d'Amos, la route à faire n'est pas très longue aujourd'hui. 


Je fais un peu le touriste durant l'avant-midi afin d'admirer la superbe cathédrale d'Amos. Un véritable monument bâti à partir de 1922 alors qu'Amos compte seulement 2 500 habitants. C'est l’œuvre d'une démonstration de la détermination du peuple abitibien.


La cathédrale de style néobyzantin est surmontée d'un impressionnant dôme et ses grandes rosaces sont spectaculaires.


J'ai aussi vu l'ancien palais de justice et finalement admiré la mythique rivière Harricana qui traverse la ville et qui me rappelle les romans de Bernard Clavel.


Sur la route vers la fin de l'avant-midi, j'emprunte la seule route possible soit la 111. La température est changeante et l'humidité assommante. Des averses viennent ponctuer le trajet. 


L'accotement se défile assez rapidement et je ne dois jamais cesser de jeter un œil dans le miroir car ici la circulation est dense et plein d'énormes camions filent sur cette longue route plane.


Tout cela en plus de l'inévitable ressac d'avoir parcouru 182 km la veille. Je dois travailler le mental car dans ces cas on peut tomber dans l'urgence d'arriver à destination le plus vite possible et c'est le bon moyen d'user l'énergie à la corde et souffrir. Comme un mantra; tu arriveras lorsque tu arriveras, prends ton temps, prends ton temps…


Je prends donc le temps de découvrir au fil des kilomètres des villages charmants, St-Marc de Figuery avec sa belle église et sa miellerie La Grande Ourse,  La Corne. Des églises avec leur presbytère toutes de pierres rondes de taille moyenne. 


Toutes ces communautés créées vers 1922 dans un élan de colonisation. Des attraits comme le lac La Motte, superbe. Et finalement la magnifique campagne avec ses grands champs souvent parsemés de ballots de foin.


À Val d'Or vers 16:30 je choisis un nid douillet pour m'y reposer deux nuits avant de partir à la conquête du parc de la Vérendrye et ensuite de la région des Laurentides.





L'immense cathédrale d'Amos


Le dôme de la cathédrale d'Amos


Une des rosaces de la cathédrale

L'ancien palais de justice d'Amos




Un coup d’œil sur le beau lac La Motte







Jour 19  - Jeudi 12 août 2021

Val d’Or (quelques km dans la belle Val d’Or)


Visite d'une ancienne mine d'or, celle de Lamarque où durant 50 ans on y a extrait de l'or. Cette mine avait un rendement remarquable et à fermé non pas à cause de l'épuisement de la ressource mais à cause de la vétusté des installations qu'il aurait fallu renouveler.


Descente sous terre et visite des galeries souterraines avec une description des activités qui régissaient la vie des mineurs de l'époque. Très intéressant.


J’effectue le retour via la mythique 3e avenue, là même où le premier prospecteur venu planter sa tente a trouvé les premieres pépites d’or.


Je termine ma journée en préparant mon départ de demain. Ce sera une journée tranquille, 50 km jusqu'au camping de Louvicourt situé juste avant le parc de la Vérendrye. Cette destination vise à réduire à 100 le kilométrage à pédaler samedi afin de me rendre au Lac Rapide situé dans la réserve faunique du parc où j'ai réservé un emplacement de camping.




À la reconnaissance des abitibiens pour leur apport au deuxième conflit mondial


Visite de la mine d'or Lamarque



Dans les galeries de la mine, interprétation de le vie des mineurs à l'époque où tout se faisait manuellement




Jour 20   Vendredi 13 août 2021

Val d’Or   /   Louvicourt - camping Hébergement Abitibi     50 km ) 


Je quitte Val d’Or avec la grande satisfaction d’avoir comblé un vide dans ma connaissance - encore à parfaire - de l’Abitibi. J’avais passé par Rouyn dans le passé lors d’un voyage mémorable avec mes enfants. Avec la visite d’Amos et Val d’Or j’ai l’impression de mieux connaître ce coin de la province qui d’emblée m’a séduit. Le rythme de vie me semble agréable, les gens particulièrement gentils, travailleurs et branchés à des belles valeurs.


Je garde aussi l’impression que le mouvement de reconnaissance et d’intégration des autochtones - des gouvernements régionaux sont déjà en place ici - créeront un formidable avancement en Abitibi,  tant sur le plan social, culturel, qu’économique.


Une fois arrivé à Louvicourt, je me suis installé au camping qui donne sur le beau lac Boyer. Il fait une journée splendide aujourd’hui. Une fois la tente installée je profite de la vue sur le lac et j’écoute le vent chanter dans les arbres.



Le lac Boyer 

J'ai roulé à vélo sur la transcanadienne en Ontario, à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Colombie Britannique et au Québec

Les vestiges de la mine d'or de Lamarque



Jour 21   Samedi 14 août 2021

Louvicourt - camping Hébergement Abitibi  /    Camping SEPAQ Lac Rapide ( 106 km )


La météo avait pourtant prédit une belle journée mais le ciel, après un beau lever de soleil chavire et charrie de lourds nuages.


C’est sous cet augure que j’amorce ma traversée du parc de la Vérendrye. Je naviguerai ainsi entre éclaircies et averses, forcé de revêtir et retirer les habits de pluie à plusieurs reprises.


Le parc est de toute beauté, la nature y est protégée et elle nous le rend bien s’affichant sous ses plus beaux atours.


Croiser la rivière des Outaouais m’a ravi. Ici elle est encore plus imposante et majestueuse.


Les 106 km franchis l’ont été sans trop d’efforts, facilités par un vent de dos. La moyenne de 21,5 km/h est bonne.


Arrivée au camping du lac Rapide à 15:30 h. Le ciel s’est un peu dégagé depuis le milieu de l’après-midi et je pourrai m’installer sans trop craindre une averse.


Le lac Rapide est magnifique et il est fréquenté par des amateurs aguerris de la pêche. Ils sont tous équipés de gros pick-up et tirent de gros bateaux super équipés.


Le camping est rempli d’immenses roulottes. À mon emplacement de camping, ma tente déjà petite semble encore plus minuscule entourée de ces véritables chalets ambulants.


C'est sous un ciel lourd que j'entame ma traversée du parc de la Vérendrye


Rouler dans le parc est un plaisir pour les yeux


Des couleurs qu'on ne retrouve nulle part ailleurs que dans la nature

Au lac Rapide. ma tente a l'air d'une limace aux côtés des immenses roulottes autour

Le Soleil se lève sur le lac Rapide

Le lac Rapide fait partie du réservoir Cabonga qui a une superficie de 677 km carrés.




Jour 22   Dimanche 15 août 2021

Camping SEPAQ Lac Rapide /  Mont-Laurier( 138 km )


Magnifique journée pour rouler et c'est ce que ferai toute la journée. 


Je ponctue le trajet de brefs arrêts pour manger et boire, me dégourdir un peu.


Les kilomètres défilent et un léger vent me permet de maintenir une moyenne de presque 22 km / h.


Je sors du parc au début de l'après-midi et franchis Montcerf-Lytton et plus tard Grand-Remous dont je garde des beaux souvenirs de mon passage avec mes enfants il y a plusieurs années. Nous nous étions arrêtés à la halte municipale qui mène à la rive de la rivière Gatineau. Cet endroit est très joli.


J'arrive à Mont-Laurier vers 16:30 h et m'installe dans un hôtel tout près de la piste du P'tit train du nord qui me mènera vers le sud demain.


J'entame ainsi le retour vers Shawinigan que j'atteindrai normalement jeudi prochain.


Le parc de Grand Remous qui me remémore de beaux souvenirs

Le pont de Grand Remous au dessus de la rivière  Gatineau


Jour 23   Lundi 16 août 2021

Mont-Laurier /  Camping Fou du Roi de Rivière Rouge   ( 80 km )


Je démarre la journée lentement en prenant le petit déjeuner au resto. Comme dans toutes les villes et villages que j'ai passé le COVID a fait des ravages dans les services de restauration. Les restos sont ouverts à des heures coupées et certains n'ont carrément pas survécus. Plusieurs affiches «fermé» ou «à vendre» sont claires sur le sort de ces commerces.


De Mont-Laurier à Ste-Adèle soit les deux prochains jours, je roulerai sur la piste du petit train du Nord. Ce sera en même temps un baume car je serai hors de la circulation routière. Point non négligeable, le parcours vers le sud est en pente descendante pour la plus grande partie du trajet.


Avec la piste cyclable s'associe le privilège de rouler dans la nature qui dévoile au fil des kilomètres, rivières, cascades, forêt magnifique, falaises à certains endroits. 

La piste cyclable offre aussi des facilités comme des points d'eau, des sanitaires, des aires de repos.


J'ai eu la chance d'admirer le magnifique lac Nominingue car la piste cyclable donne directement sur  ce superbe plan d'eau.


Arrivé au camping Le fou du roi situé à Rivière Rouge et situé à 30 mètres de la voie cyclable vers 15:30 h, j'en ai profité pour me rafraîchir dans la belle rivière Rouge.

À cet endroit sont organisés des descentes de la rivière en tubes. C'est très populaire et des hordes de jeunes gens s'en ravissent. Après leur journée d'activités ils font la fête et les responsables du camping doivent renforcer les contrôles. Certains ont exulté leur joie en faisant exploser des feux d’artifice tard dans la soirée. 





Heureux d'emprunter la voie cyclable du P'tit train du nord


Le beau lac Nominingue




Jour 24   Mardi 17 août 2021

Camping Fou du Roi de Rivière Rouge  /   Motel Radisson Val-David  (85 km)


Lors de mon passage à Mont-Laurier, j'ai rencontré un couple qui avaient pédalé  le P'tit train du Nord depuis Laval. Ils se logeaient dans les facilités d'hébergement annoncées dans les publications touristiques et situées le long de la voie cyclable. Ils ont eu la mauvaise expérience, dans la région entre Val David et Mont-Tremblant, de ne trouver aucun endroit pour loger un samedi soir. En dernier recours et après avoir roulé 160 km, un propriétaire de camping situé près de la piste les a dépanné en leur laissant l'accès à une tente du type prêt à camper mais sans aucun équipement de literie ou autre. C'était le mieux que le compréhensif propriétaire du camping pouvait pour eux. Le couple avaient un abri pour dormir mais du fait qu'il voyageait léger, sans sac de couchage et même de vêtements plus adaptés, leur sommeil a été sommaire. J'ai admiré premièrement leur endurance, rouler plus de 160 km et ensuite leur attitude devant la situation car ils m'ont semblé très résilient et absolument pas catastrophés.


L’expérience de ce couple m’a mis la puce à l’oreille et j’ai fait quelques vérifications pour trouver un endroit où passer la nuit à Val-David. La pluie était au menu pour la soirée et je voulais trouver un motel ou petit hôtel. De fait, j’ai dû faire plusieurs appels pour me trouver un refuge. Finalement j’ai réussi à parler à une personne au Motel Radisson. Le propriétaire chinois a réservé une chambre avec cuisinette et deux lits double pour moi. Je n’en demandais pas tant mais c’était cette chambre ou une chambre « single » fumeur ( je me suis dit qu’il n’y avait qu’un propriétaire chinois qui pouvait suggérer ce type de chambre car c’est la norme en Chine). Je dois avouer que le prix était très raisonnable compte tenu du marché actuel, 129 $.


Dans les Laurentides, où j’ai habité de 2016 à 2019, j’ai quelques amis qui me sont chers. Mon deuxième défi - et je ne me doutais absolument pas que c’en serait un - était d’organiser une rencontre avec ces personnes. Il faut dire que le voyage à vélo ne me permet pas de fixer un rendez-vous bien à l’avance, c’est plutôt dans les prochaines heures.


Mon premier contact était avec mes chers amis Allyson et Geoffrey qui étaient mes voisins à Piedmont et qui disposent généralement d'un horaire plutôt flexible. Allyson et Geoffrey semblaient absents car ne retournaient pas mon message. Zut alors !


Je contacte alors mon ami Patrick de Ste-Adèle, généralement plus occupé. Patrick pourra se libérer plus tard en soirée. Patrick a plusieurs cordes à son arc, brasseur et créateur variétés de bière, sommelier, menuisier, cuisinier, tous les métiers. Patrick est libre durant la soirée pour prendre une bière au Baril Roulant de Val- David, cool ! Ce pub-resto-salle de spectacle est la propriété de Sonia et Pat, de vrais moteurs de développement à Val-David. Ils ont mis sur pied, une microbrasserie réputée, le pub de Val-David, celui de Tremblant, et une sympathique auberge avec un resto reconnu pour ses repas gastronomiques.


Bref, Nous avons rendez-vous Patrick et moi au pub du Baril-Roulant. Je vérifie, au pub et ce soir il y a un show d'humour. On ne peut Patrick et moi, s'y rencontrer pour siroter une bière pendant le spectacle. J'en fais part à Patrick il me dit que nous pouvons aller au Mouton noir. Ok, je vérifie, le Mouton noir est fermé le mardi (effet pandémique). Rien d'autre n'est ouvert. Merde alors !


Finalement, Patrick à la gentillesse de venir me chercher au motel après son travail et m'offre le repas et une bière de son cru dans le confort de son foyer qu'il partage avec Lyne sa compagne. Lyne revient au même moment du défi sportif « Le Gravel bikepacking challenge 500 » 500 km en vélo dans la région de Magog en autonomie. Lyne a roulé ce 500 km en 4 jours à un train d'enfer dans les montagnes et les chemins de gravier de l’Estrie.


Nous avons profité de ces moments pour échanger sur les voyages et la passion du vélo de montagne de Patrick et Lyne, leurs projets et plein d'autres sujets intéressants. Quelle belle soirée !



Jour 25   Mercredi 18 août 2021

Motel Radisson de Val-David   Camping St-Tropez  Ste-Mélanie (  98 km )


La journée s'annonce très chaude, je pars donc assez tôt et je devrais normalement arriver pas très tard à Ste-Mélanie dans la région de Lanaudière.


J'ai bien dit je «devrais». C'était sans compter l'erreur de sortir de la piste cyclable pour aller vers l’est au «café de la gare » de Ste-Adèle au lieu de « l'Épicerie de la gare», située en amont de Ste-Adèle. Erreur qui m'a coûté une bonne quinzaine de kilomètres de plus à trimer sur les pédales.


Et quand je dis trimer… Déjà que la route que j'ai décidé d'emprunter, la 370 qui va vers Ste-Marguerite du Lac Masson et Estérel n'est pas de la tarte - Patrick m'a bien dit que cette route c'est l'enfer à vélo - ma confusion m'a bien conduit sur la route 370 mais sûrement dans son pire segment. Déjà, au départ de Ste-Adèle, une côte impossible avec des poids lourds et une circulation dense. J'ai dû pousser le vélo sur ce chemin de croix et ce n'était pas la seule côte. Tout ça pour finalement croiser la piste cyclable là où j'aurais dû sortir une quinzaine de km plus tôt. Déjà à 10 h, avec cette température et l’humidité à 200 %, la sueur tombait goutte à goutte de mon menton.


Je n'étais pas au bout de mes peines, à Ste-Marguerite du lac Masson et l'Estérel, des côtes infernales m'attendaient. C'est seulement rendu à Chertsey que le terrain me donne un répit. Vers Rawdon, la 125 (n'allez pas là à vélo non plus), est en pente descendante. Bientôt je peux m'esquiver de la 125 et prendre une petite route relativement tranquille pour arriver dans le village de Rawdon et faire une pause au populaire resto La Lanterne. Ils y servent des déjeuners à toute heure… c'est pour moi car j'évite la friture et les mets lourds lorsque je pédale. Trois tranches de pain doré, deux œufs et du café satisfont un cycliste en quête d'énergie.


Le reste de mon trajet est un rêve comparé à mon début de journée. J'aborde bientôt les belles campagnes de Lanaudière. Ste-Marcelline, les grands champs verts et ensuite Ste-Mélanie avec des petites routes dans les érablières qui me permettent d'éviter partiellement la route principale qui elle exige toute mon attention.


J'arrive enfin à ma destination du jour, le camping Vacances St-Tropez, sur le lac du même nom. J'ai dû chercher pour trouver de l'hébergement dans ce coin. J'ai dû réserver et obtenir in extremis un emplacement pour ma petite tente. Coût, 65$. Un record quand au coût pour un emplacement de camping depuis que je fais des voyages. Il faut dire que les emplacements comportent tous l'électricité et l'eau.


J'ai cependant vite constaté la raison de ce tarif et accepté de bon gré cette rétribution. C'est un vaste camping conçu pour qu'une famille puisse y passer leur vacances. Une immense aire de jeux pour les enfants permet aux parents de drainer la formidable énergie de leur marmaille. Si les enfants démontrent encore des signes de vitalité après avoir grimpé toutes les structures des aires de jeu, les parents peuvent finir de les épuiser en les amenant à une grande piscine ou à la plage du lac, au mini golf, au jeu d'échec géant et autres jeux destinés à la famille.


Sur le site, un dépanneur qui vend quelques denrées et de la bière, un petit resto très complet, une crèmerie, une buanderie et des sanitaires impeccablement tenus. Le personnel, affable et à son affaire vous informe de tous les détails afin que vous passiez un bon séjour.


Après une baignade dans le lac et une bonne douche, j'ai pu profité du dépanneur pour me procurer une bonne bière fraîche ainsi qu'une eau pétillante froide, du resto pour me sustenter d'une délicieuse pizza et de la crèmerie pour un fabuleux cornet de crème glacée trempé dans le chocolat.


Ainsi, repu et heureux je me suis dirigé vers ma tente une fois le soleil couché non sans être avisé par mes gentils voisins, une jeune famille de trois enfants, que leur petit dernier pouvait se faire entendre durant la nuit. Belle attention de leur part.


La paix de la campagne de Lanaudière contraste avec un début de journée un peu chaotique



Les enseignes annonçant les villages en disent beaucoup sur ses habitants



Ces jolis fleurs sauvages poussent autour des champs cultivés et me rappelle mon enfance sur la ferme


Pas de stress ici, me rappelle les vaches dans le pré


Dernier camping du voyage. Un endroit qui m'a impressionné.


Les campeurs plus âgés ont un bon sens de l'humour et de l'autodérision




Jour 26   Jeudi 19 août 2021

Camping St-Tropez  Ste-Mélanie /  Shawinigan (  115 km )


La température atteindra des sommets encore aujourd’hui. Il faudra m'hydrater adéquatement.


Direction la maison ! Dernier jour sur la route. Je quitte le camping au nom de Côte d'Azur vers 8 heures et bientôt défile sous mes yeux la belle campagne et les villages de St-Félix, St-Jean de Matha, St-Gabriel de Brandon où je découvre un magnifique vignoble, St-Édouard et son site animalier, St-Angèle de Prémont, St-Paulin, Charette. 


Rendu là, je m'approche vraiment de chez moi car je suis en Mauricie, ma région. Et me voilà ensuite à Shawinigan dans le secteur de St-Boniface où je devrai pour une dernière fois rouler sur du gravier car de grands travaux de construction sont en cours sur la route 153. 


Dix autres km et j'entrevois de loin ma demeure. On redécouvre notre milieu de vie lorsqu'on s'en absente durant une longue période. On y porte un nouveau regard et l'apprécie d'autant qu'on réalise l'importance d'un lieu d'ancrage, un lieu qu'on a façonné à notre image.


Sur le moment, mêlé à l'émotion du retour, le bonheur de penser que je retrouverai mes proches, l'ensemble des souvenirs recueillis au fil des kilomètres de ce formidable voyage déferlent tous en même temps. Les rencontres impromptues avec de formidables personnes et des échanges inspirants et si enrichissants.


Et la Baie-James, un véritable pays à elle seule déployant une beauté inépuisable et émouvante.  Son ciel à n'en plus finir qui m'a donné des matins lumineux, des soirées pastel et des nuages hypnotisants lorsque la tempête approche. Son silence profond m'a plongé dans un océan de sérénité. Dans ce monde d'épinettes noires, le temps perd ses repères et me permet de retrouver les miens.


La région de l'Abitibi, Matagami, Amos, Val d'Or, des villes qui m'ont charmé, des gens au bon cœur et d'un naturel désarmant, des paysages et  une histoire formidable ainsi qu'une culture pleine de richesse.



C'est l'essence du voyage, découvrir au long de l'itinéraire toute la charge historique, culturelle et l'ensemble des gens qui composent le tissu humain des lieux où l'on passe. En ressortir plus ouvert sur notre vaste monde et grandi. 


Et tout cela est décuplé lorsque le trajet est réalisé à vélo !


Fin du voyage, 2381 km dont 480 km de routes de gravier en 26 jours. Moyenne de 103 km par jour pédalé. La plus grande distance en une journée 182 km (Matagami à Amos). La partie la plus facile, 6 km lorsque transporté dans le camion d'escorte sur la route en construction de la Baie-James !


Le vignoble de St-Gabriel, on se croirait en Provence





Ce numéro de route annonce la Mauricie, ma région. Je me rapproche de la maison


C'est d'ici que je suis parti le dimanche 25 juillet dernier. C'est bon de retrouver la maison















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